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Quelques éléments sur la notion et les contenus des CST

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Yvette LUCAS



Yvette Lucas. Quelques éléments sur la notion et les contenus des cultures scientifique et technique

NB je croyais avoir entré ce texte sur le site le 31 octobre, mais je ne l’y trouve pas. J’essaie donc sans grande conviction de l’y réintroduire. YL



1. Sur le texte dit martyr je n’apporterai pas d’éléments pour le moment, pensant qu’ils ne pourraient constituer que des précisions ou des variantes sur quelques points de détail.
Globalement ce texte me paraît bien répondre à la question que nous nous sommes initialement posée : pourquoi la culture scientifique et technique n’apparaît-elle pas dans le texte programmatique « l’Humain d’abord », pourquoi n’est-elle pas non plus nommée dans des définitions de la culture se voulant pourtant plus englobantes ?
La réponse contenue dans le texte synthétisé par Janine à partir de multiples apports constitue un préalable indispensable à la poursuite du travail d’un atelier sur les cultures scientifiques et techniques et leur rapport, d’une part avec le concept englobant de « culture », d’autre part avec la politique, cette formulation séparatrice posant déjà problème (faut-il dissocier les trois termes en présence pour trouver comment les combiner, leur combinaison étant encore à venir ?). Le terme « politique » étant aussi à préciser : pensons-nous à une conceptualisation politique de la culture, exprimée par exemple dans certains de nos textes par la formule « la culture est la condition de la politique », ou à l’action politique (qui considérerait la culture et/ou la culture scientifique et technique comme une de ses dimensions) ou à ces deux termes ensemble.

2. Pour moi actuellement la question est de savoir comment poursuivre ? Autrement dit quel est l’objectif de l’atelier ?
Le texte martyr (avec ses avatars successifs) est d’« expliquer » les choses ? Il se propose d’alerter les « politiques » pour qu’ils s’emparent de la question ?. Il annonce aussi la volonté d’éclairer cette prise de position par de grands débats ouverts à tous qui permettraient « de coupler (idéalement) deux volets, celui des connaissances et celui d'une nécessaire universalité/pluralité des connaissances, pour ne pas poser les questions de façon unilatérale ». Tout ceci est indispensable.
En ceci nous traçons des pistes. Voulons-nous davantage, à savoir contribuer à permettre aux citoyens, à la population dans son ensemble (gens instruits, gens peu « instruits » - « à égalité ? » et si oui, comment établir cette égalité - de « s’approprier » la culture scientifique et technique (et par récurrence les autres formes de culture, qui, quoi qu’on puisse en dire, ne sont guère mieux partagées) ? Nous avons en effet posé clairement la question : celle de l’appropriation citoyenne de la culture scientifique et technique.

Ma question sera donc
Que voulons-nous faire pour aider à ce que s’opère l’appropriation citoyenne de la culture scientifique et technique ?
Première remarque : l’objectif risque d’être à long terme. Pas forcément toutefois si l’on accorde à l’expression que nous avons choisie qu’elle effectue un véritable basculement par rapport aux pratiques habituelles qui consistent généralement à se demander comment mieux « diffuser », faire accepter, voire faire « descendre » dans les esprits « impréparés » la culture scientifique et technique.
Nous nous posons la question de l’appropriation citoyenne et nous ne devons en aucun cas perdre de vue cette approche, ce qui n’est pas forcément simple étant donné les conditionnements reçus de longue date.
En cours de route nous avons pointé quelques obstacles : la séparation du concret et de l’abstrait, celle qui opère entre l’intelligible et le sensible, la peur, les peurs et toute les propagandes qui l’engendrent. Je pourrais revenir sur ces appréciations au demeurant un peu schématiques. Mais tel n’est pas mon propos aujourd’hui. C’est sur deux pint précis que je souhaite m’exprimer.

3. J’ aborderai donc deux points, non totalement séparés.
3.1. Le premier, plutôt méthodologique, comment peut se construire la volonté, le souhait de s’approprier les connaissances scientifiques et techniques (et je précise de toutes les sciences – pas seulement celles dites « dures » - et de toutes les techniques) ?
Je pense qu’il est important de connaître les attentes des individus, ou des groupes, de savoir s’ils expriment des besoins et comment ils les expriment. En faisant une première remarque à propos de l’attitude de « rejet ». Après la croyance quasi mystique au « progrès » (scientifique et technique notamment) on rend la science responsable de quantité de maux. Mais cette attitude de rejet, fortement inculquée, coexiste avec une demande non moins forte dans certains cas : combien d’individus demandent-ils à la science de trouver ce qu’il faut pour les guérir, eux ou leurs proches ? n’observe t’on pas une confiance aveugle dans des quantités de médicaments qui sont autant de combinaisons chimiques ? Il y a la à une contradiction dont l’exploration peut être féconde. Bien évidemment pour connaître les attentes, on ne peut se contenter de déclarations plus ou moins spontanées ou provoquées, de demandes à l’état brut (sans pour autant les négliger). La question des attentes et des besoins exige des études sérieuses, - il y en a – et je regrette que, sauf un très petit nombre, les spécialistes des sciences humaines et sociales soient peu présents dans notre atelier. La question de la démocratie est tout autant à creuser, Janine l’a souligné au cours de plusieurs interventions.
Autrement dit, volontairement un non c’est un immense chantier que nous sommes en train d’ouvrir. Mais heureusement d’autres y travaillent aussi et les convergences se feront jour en temps opportun.



3.2. Le deuxième volet de ma contribution, question qui m’est d’autant plus chère qu’elle a été au centre de mes travaux il y a entre vingt et trente ans, c’est l’intime lien entre techniques et pratiques. Et c’est là aussi que parler de l’histoire des sciences et des techniques devient incontournable.
Le progrès technique accéléré a fait remplacer quantité de fonctions humaines par des systèmes techniques sophistiqués, et ce faisant a fait table rase, après les avoir pillées – qu’on se souvienne des opérations dites « d’extraction des connaissances » dans les années 80 - des pratiques professionnelles existantes. Et alors qu’on imaginait à la faveur de ces progrès techniques une recomposition plus humaine des fonctions productrices (au sens large) et la disparition du taylorisme, le patronat capitaliste a profité des nouveaux moyens de contrôle, voire de coercition, que lui apportaient ces nouvelles technologies pour étendre le travail à la chaîne, le morcellement des tâches jusque dans les métiers du tertiaire et le contrôle généralisé du personnel, pour déshumaniser encore plus le travail et pour reconstituer avec un chômage accru l’armée de réserve que des années de lutte avaient réussi à réduire. Ceci s’est accompagné de la pénétration du capitalisme, toujours par le biais des « nouveautés techniques », dans de nombreux secteurs où il opérait peu auparavant : l’agriculture, avec l’invasion des pesticides sous forme d’engrais devenus nécessaires lors de l’apparition du tracteur qui faisait disparaître la production du fumier avec lequel auparavant on fertilisait les champs ; le bâtiment où là aussi la fragmentation entre les intervenants s’opère de plus en plus avec la généralisation de la sous-traitance qui met petits entrepreneurs et artisans sous la coupe des géants comme Bouygues et consorts.
Or la négation des pratiques professionnelles antérieures ou de celles encore existantes qu’on cherche à combattre est plus préjudiciable que bénéfique en de nombreuses circonstances. D’autant plus qu’on nie la reconstitution des savoirs professionnels utiles à l’exercice du métier ou l’apparition de nouveaux savoirs professionnels car on a profité de l’utilisation des nouveautés techniques pour renforcer le pouvoir hiérarchique et promouvoir une organisation du travail dont le seul objectif est d’encore mieux servir le profit.
Or nier le savoir professionnel des individus, des groupes d’individus (les collectifs de travail), des métiers (anciens ou nouveaux) est tout aussi préjudiciable à l’épanouissement des personnes (l’émancipation ? ou le désir d’émancipation) que parfois à l’intérêt même de l’entreprise et de son bon fonctionnement.
J’ai en tête un exemple vécu vers la fin de ma période d’activité au CNRS. Nous faisions une étude sur le travail des ouvriers et des techniciens qui œuvraient dans les terminus de lignes à l’entretien des motrices du métro (ce qui incluait l’analyse de leur fonctionnement durant les trajets accomplis). C’était le début de l’introduction de l’électronique sur une ou deux lignes. Dans ces endroits on avait donc recruté et introduit dans les équipes quelques jeunes techniciens en électronique. De nombreux problèmes surgissaient, dus notamment à la nouveauté des systèmes mis en place. Plusieurs de ces jeunes, passionnés, travaillaient chez eux le soir ou le dimanche pour leur trouver des solutions, ils en trouvaient et le travail de l’équipe en profitait. Mais pas question que ce travail soit reconnu par l’encadrement. Quelques années plus tard le collègue qui avait mené cette étude avec moi rencontre à Toulouse (c’est là qu’il réside et exerce) une petite société en électronique / informatique ou assimilés qui dit avoir reçu de la RATP mission de régler des problèmes du type de ceux que nous avions observés. Question « Etes-vous allés sur place à la RATP étudier le problème ? Réponse : Non nous avons les moyens de régler cela à distance ». Mon collègue n’a pu s’empêcher de penser que la RATP aurait pu s’épargner une assez grosse dépense si elle avait été capable de se rendre compte que les techniciens en place non seulement avaient les capacités mais aussi avaient à cœur de résoudre les problèmes rencontrés au cours de leur travail.
Mon idée, in fine, c’est de considérer que les pratiques professionnelles (industrielles, de services, artistiques, et scientifiques aussi), font partie intégrante des techniques et qu’il ya interactions multiples entre tous ces aspects.
A cet effet, je pense qu’il serait utile d’explorer ce que nous apportent les divers organismes et actions existants. En relisant les premières contributions, j’ai noté, outre les informations que continue à nous donner Marie Piéron, les messages de Roger Briot, de Jean-Luc Chavanat –CCST Montreuil, de Philippe Devoghel sur les métiers du graphisme, de Sébastien Freudenthal (centre Atlas à Saint-Ouen), ainsi que celle de Nicole Bizeuil mentionnant l’utilisation des techniques par les artistes, qui toutes mériteraient d’être développées et confrontées.

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